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François-Paul d’ Isoard de ChènerillesBirth: April 22, 1728 — Aix-en-Provence, Bouches du Rhône, Provence-Alpes-Côte d'Azur, France Death: Aix-en-Provence, Bouches du Rhône, Provence-Alpes-Côte d'Azur, France |
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Charlotte Françoise Gabrielle de MontolieuBirth: November 8, 1751 — Marseille, Bouches-du-Rhône, Provence-Alpes-Côte d/'Azur, France Death: March 3, 1829 — Aix-en-Provence, Bouches du Rhône, Provence-Alpes-Côte d'Azur, France |
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Marriage | April 16, 1771
| Media object | Armes d’Isoard Format: image/png Image dimensions: 400 × 520 pixels File size: 55 KB Type: Coat of arms Note: Les Isoard de Chénerilles Les Isoard de Chénerilles
Source : Annales des Basses-Alpes 1899-1900, p. 269
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5685671b
LES ISOARD DE CHÉNERILLES
L'historien Esmieu les signale aux Mées avec la qualification de damoiseaux, dès le XIIIe siècle. — Ils passent, au siècle suivant, à Digne. — Fiefs pour lesquels ils rendent hommage, dès les temps les plus anciens, aux comtes de Provence. — Ils font, en 1427, acquisition de la seigneurie de Chénerilles. — Ce fief passe par héritage à la famille de Salvan, d'Avignon. — Un rameau des Isoard de Chénerilles, à Sault. — La famille fixée à Aix, dès le XVIe siècle.
Louis d'Isoard de Chénerilles, qui ajoutait à son nom celui d'Amalric, « tant pour remplir les conditions testamentaires de sa mère que pour se distinguer de ses parents de la maison des Isoard », est-il dit dans des documents du temps, était seigneur aussi des villages ou fiefs d'Esclangon, du Castellar et de Lambert, pour lesquels il rendit hommage à la Cour des Comptes.
N'ayant pas d'enfants de son mariage contracté le 19 septembre 1574 avec Lucrèce de Villeneuve d'Espinouse, il fit son héritier, par son dernier testament (reçu Bernardin Hermite, notaire de Digne) du 28 juillet 1606, son neveu germain, Antoine de Salvan, d'Avignon, trésorier de la Chambre Apostolique du Comtat, fils de sa sœur unique Catherine et de son premier mariage avec autre Antoine de Salvan, lequel était aussi petit-fils d'une Amalric, « et à la charge de porter ses noms et ses armes ». Mais il laissa néanmoins ses offices de viguier et de lieutenant de viguier à Louis de Fournier de Champvert, fils du second mariage de sa sœur. Il mourut à Aix, le 28 juin 1608, et y fut enterré dans l'ancien tombeau des Matheron, dans l'église des Frères Prêcheurs, dont il avait hérité.
Lucrèce de Villeneuve d'Espinouse, qui appartenait a la religion réformée, fit son testament le 27 avril 1638 (1), dans lequel elle spécifiait vouloir être enterrée au cimetière des Religionnaires d'Espinouse, au tombeau de ses feux père et mère, Pierre de Villeneuve et Delphine d'Agoult de Seillon ; elle instituait son héritière Françoise de Villeneuve d'Espinouse, sa nièce, femme de Charles de Tabaret, seigneur du Chaffaud (2).
Louis d'Isoard d'Amalric de Chénerilles était fils unique d'Antoine Isoard, seigneur aussi de Chénerilles et des Sièyes, docteur aux lois, qui avait été viguier et juge royal de la ville d'Arles, de 1536 à 1543, et qui avait épousé Catherine d'Amalric, dame de Castellar, héritière d'un rameau de cette noble et puissante famille de la haute Provence et fille de Galéas Amalric et de Lucrèce de Lacroix, des seigneurs de Corbières et de Grambois.
(1) Amoreux, notaire de Digne. — Communication de M. de Juigné de Lassigny, qui vient de publier une importante histoire de la famille des Villeneuve. (Lyon, 1900, impr. Alexandre Rey, in folio.)
(3) L'historien de la famille des Villeneuve indique qu'elle fit, en 1645, un second testament en faveur de son frère Pierre et de son neveu François. — V. p. 94 de son ouvrage.
Antoine Isoard de Chénerilles, étant encore sans enfants, avait fait un premier testament le 10 décembre 1545, devant Jacques Rhodes, notaire d'Arles. Bien que les dispositions qu'il y manifeste aient été sans suite, nous jugeons intéressant de les énumérer ici, d'autant, d'ailleurs, que nous ignorons celles de ses dernières volontés (1).
Il désire, d'abord, être enterré au tombeau de ses ancêtres, s'il meurt dans la ville de Digne; mais, s'il meurt à Arles, on déposera son corps devant le grand autel des Frères Mineurs de cette ville.
Il fait un legs de 25 livres à distribuer aux pauvres de Chénerilles : d'autres legs, un de 10 florins à sa sœur Antoinette, religieuse à Sainte-Claire d'Arles, plus un vêtement complet ; après quoi, et vu les donations antérieures à elle consenties par leur père, elle devra être satisfaite et passer le restant de sa vie à prier Dieu pour lui ; un autre de 25 florins à son frère François Ysoard, moine de Saint-Pierre de Mont-Major ; un autre encore de 25 florins à son neveu Esprit Nadal, fils de sa sœur utérine Marceline, épouse d'Elzéar Nadal, seigneur de Beauvezet. Le testateur veut que les enfants mineurs de sa seigneurie de Chénerilles, qui n'auraient pas deux bœufs ou deux vaches pour labourer leurs terres, soient exempts du droit de fornage (2), que chaque habitant est tenu de lui payer à la Saint-Michel, et cet avantage leur sera continué tant que leur situation sera la même. Il fait son héritier son frère utérin Gaspard, qu'il appelle l'écuyer de Chénerilles, auquel il substitue son neveu Esprit Nadal, à l'exclusion de tous ses autres parents, surtout de son frère consanguin Louis ; et si, par hasard, celui-ci se trouvait un jour en ligne pour hériter de quelque chose de lui, il le remplace par son cousin germain noble François Barthélemy, seigneur de Sainte-Croix.
(1) Le 22 décembre 1527, Jacques Isoard avait fait rémission à son fils Antoine de sa seigneurie de Chénérilles, en présence du lieutenant du juge d'Aix, acte reçu par Pellèty, notaire de cette ville, substitué à Décitrane.
(2) Le droit de fornage, fornagium, enfournage, était celui qui se payait pour la mise en four, la cuisson des pains au four banal, appelé quelquefois droit de cuisage, de « cuire au four » ; il a donné naissance, énoncé sous cette forme, qui s'écrivait aussi quelquefois cuissage, à cette stupide invention d'un « droit du seigneur », que certains historiens ignorants ou mal intentionnés ont imaginé contre les mœurs du moyen âge.
Ce testament, fait évidemment pour exclure ce frère consanguin seulement, héritier avec lui de leur père, comme on va le voir, fut passé à Arles, dans la maison de noble Louis de la Tour, en présence de Jean Boyer et de Pierre Dastoing, docteurs aux droits, avocats au siège de cette ville.
Antoine Ysoard était lui-même fils aîné de Jacques Ysoard, seigneur aussi de Chénerilles, Malijay et les Sièyes, et de son premier mariage avec Madeleine aliàs Jeannette de Matheron de la Pérusse, fille d'Antoine de Matheron, seigneur d'Auzet (acte passé en 1494, devant Gaudemar, notaire à Digne). Jacques Isoard, après avoir eu six enfants de sa première femme (sans compter ceux qui moururent jeunes) s'était remarié, en 1512, avec sa cousine Marguerite de Matheron, fille de René, seigneur de Peynier, et de Louise de Blacas (1).
(1) René de Matheron était ce filleul historique du roi René. Il mourut le 15 mars 1533, et, par son testament de 1532, il avait institué héritier son fils Guilhaume, lui substituant son second fils Melchior et ensuite sa fille Marguerite, femme dudit Jacques Isoard. C'est en vertu de cette substitution qui, selon les usages, portait avec elle l'obligation de prendre les noms et les armes des Matheron, que plus tard Louis Ysoard et ensuite Claude et puis Jean-Baptiste, ses descendants directs, fils, petits-fils et arrière-petit-fils de la dame Marguerite, portèrent le nom de Matheron, comme on le trouve dans les actes publies de l'époque.
Le testament de Jacques Isoard, fait le 14 novembre 1537, nous permet de connaître sa nombreuse postérité et d'établir clairement sa descendance, qui a été chose obscure pour les généalogistes. Nommant d'abord les trois filles de son premier mariage : Jeanne, femme de noble Jean Meynier, de Forcalquier ; Marceline, épouse de noble Elzéar Nadal, et Honorade, mariée à Jean Potréry, docteur aux lois, il indique ensuite ses trois autres filles de sa seconde alliance : Antoinette, Andrivette et Jeanne, toutes les trois religieuses.
Les fils de son premier mariage sont : 1° Antoine, auquel il confirme à nouveau la donation de sa seigneurie de Chénerilles, qu'il lui avait faite le 22 décembre 1527, et qu'il nomme un de ses héritiers universels avec son frère consanguin Louis, aîné de sa seconde femme ; 2° Gaspard, l'écuyer de Chénerilles, auquel il fait un legs de 500 florins d'or (1).
(1) Gaspard d'Isoard, appelé, disions-nous, l'écuyer de Chénerilles, s'attacha à la personne du comte de Sault, son parent, très grand seigneur, comme on sait, et il devint son commensal assidu, son intendant général et entremetteur de toutes ses affaires (a). Le 21 avril 1582, Il obtint du roi Henri III des lettres de légitimation d'un fils naturel François-Jacques, qu'il avait eu de la demoiselle Louise de Clémens. C'est de lui, qui se fixa à Sault, que descend le rameau de sa famille qui habita ce pays et qui donna son nom de Chénerilles à un domaine dans cette commune, dont une branche de la famille des Ferry porta la dénomination, branche généralement connue sous les noms de Ferry de Chénerilles et dont le dernier représentant mâle ancien juge de paix, est mort à Apt il n'y a que quelques années.
(a) Les archives de la Drôme possèdent une quantité de pièces : sauf-conduits, ordres d'approvisionnements, etc., délivrés par Gaspard de Chénerilles, au nom du comte de Sault, et qu'a bien voulu nous communiquer M. Lacroix, archiviste de ce dépôt.
Les fils de son second mariage sont pourvus de legs importants aussi : 1° Louis (que nous avons cité déjà), qu'il fit son héritier de commun avec Antoine, aîné du premier lit, et auquel il donne en préciput les droits qu'il a sur la seigneurie des Sièyes, avec haute et basse juridiction, moulin, pré, etc., avec les autres droits qu'il soutient en évocation devant le Parlement de Grenoble, contre la dame de Villemus (1) ; 2° Jean, appelé le capitaine de Chénerilles, reçoit 500 florins d'or ; c'est de lui, comme nous allons l'indiquer, que descend la branche des Isoard représentée encore à Aix (2) ; 3° Elzéar, à qui le testateur ordonne d'être moine au couvent de Saint-Victor de Marseille, où, arrivé et ayant pris l'habit religieux, on lui comptera 300 florins ; 4° François, auquel il est aussi ordonné d'être ecclésiastique ou religieux de Saint-Jean de Jérusalem et qui reçoit aussi 500 florins d'or.
(1) Louis Isoard, seigneur des Sièyes, plus tard seigneur de Peynier, indiqué comme étant, au moment des dispositions de son père, au service, devint maître d'hôtel du roi, chevalier de l'Ordre de Saint-Michel. C'est lui qui, le premier, fit ouvrir en sa faveur le testament de son grand-père, René de Matheron, dont il porta le nom. Il passa une partie de sa vie à la Cour et habita ensuite Marseille. Il s'était marié avec Marguerite aliàs Madeleine de Ferrier de Saint-Julien, fille d'Honoré, coseigneur de Riez, et d'Honorée de Roux de Lamanou, dame de Majastre, dont il n'eut qu'un fils, mort jeune, et deux filles, Honorade, mariée, en 1572, à Pierre d'Arbaud, seigneur de Bargemon, et Marguerite, qui épousa Christophe de Vento, ambassadeur à Constantinople.
(2) Jean d'Isoard, coseigneur de Puymichel, appelé le capitaine de Chénerilles. Il eut, soit du roi Charles IX, soit du comte de Tende, gouverneur de Provence, diverses commissions pour commander des troupes catholiques (a). Le 7 mars 1365, il est nommé pour trois ans viguier de Digne. Le 6 novembre 1514, il avait épousé (écr. Melchior Hermite, notaire de Digne) Catherine de Bruni, de Carpentras, fille de Jean, coseigneur de Venasque et Saint-Didier, et de Marguerite d'Astoaud (b). De ce mariage vinrent trois fils : Annibal, qui se fit religieux ; François, chevalier de Malte, qui mourut, en 1604, commandeur d'Omps, et Claude, l'aîné qui perdit la vue au siège de la Rochelle, en 1572, eut une pension de 300 livres du roi et se maria : 1° en 1578, avec Catherine Reynard, dont il n'eut pas d'enfants ; 2° en 1608, avec Honorade de Tributiis, dont il eut Jean-Baptiste, qui a continué la descendance de la famille, à Aix, par son mariage avec Claire de Grasse.
(a) Brevet de Charles IX ou capitaine Jean Isoard de Chénérilles, pour lever et commander une bande de 300 hommes aguerris sous les ordres supérieurs de M. de la Molle, donné à Fontainebleau, 2 mars 1567.
(b) Catherine de Bruni testa devant Jacques Mollin, notaire d'Aix, le 23 janvier 1572 ; elle se dit veuve de noble Jean Isoard, écuyer, sieur de Chénerilles, et laisse son bien à ses trois fils, auxquels elle substitue sa sœur Nicole, femme de Claude de Corriolis, seigneur de la Bastide, à laquelle elle laisse divers vêtements de soie et ses fourrures.
Il lègue encore à son fils aîné tous les droits qu'il possède sur le château, la seigneurie, la bastide et juridiction de Malijay (Maligassio), et pour lesquels il est également en procès, à Grenoble, avec la vicomtesse de Mealhes. Son fils Louis, dit-il, est-en ce moment à la Cour, au service du roy de France.
Il reconnaît devoir 45 écus d'or à sa femme, Marguerite de Matheron, et il lui laisse la jouissance du nécessaire dans sa maison et les revenus de plusieurs terres, vergers, aux environs de Digne ; en outre, elle jouira des revenus de ses enfants jusqu'à leur âge de vingt-cinq ans, sans avoir de comptes à leur rendre. Ses héritiers distribueront les legs de sa succession à leurs frères et soeurs et payeront ses dettes. Si ses deux héritiers décédaient sans enfants, son fils Gaspard en hériterait, à moins que celui-ci ne fût religieux : au défaut de tous, les filles arriveraient à sa substitution par ordre de primogéniture.
Enfin, aucun de ses enfants ne pourra rien entreprendre sans le consentement de Guilhaume de Matheron, seigneur de Peynier, leur oncle, et en outre son fils Gaspard ne fera rien sans l'avis de son frère aîné Antoine.
Fait à Digne, dans sa maison, près des remparts ; témoins : Galantin Almaric, écuyer, seigneur d'Esclangon; maître Pierre Gaudemar, notaire ; Laurent Faucon et Claude Gauthier, orfèvres, écrivant Melchior Ermite, notaire.
Copie extraite pour Louys Ysoard de Matheron, seigneur de Peynier (Podionerii), en décembre 1585.
Jacques Isoard avait deux frères et deux sœurs : Guilhaume, dont nous ignorons la destinée ; Georges, religieux trinitaire à Tarascon ; Catherine, qui avait épousé noble Pierre Clariani, de Colmars, et Favette, qui se maria, en 1505, à Antoine Esmivy, seigneur de Moissac.
Ils étaient, tous les cinq, enfants de Louis Ysoard, écuyer, seigneur de Chénerilles, d'Esparron, du Chaffaud et autres fiefs, qualifié de generosus scutifer, qui avait épousé, au château de Sainte-Tulle, le 27 octobre 1479 (1), « noble et généreuse demoiselle » Jeanne de Villemus, dame en partie de Viens (2), fille de défunts « magnifique» Jean de Villemus, seigneur de Montjustin, Sainte-Tulle, Montfuron et autres lieux, et Louise de Sabran-Forcalquier (3). La future procédait du consentement de son oncle, « magnifique chevalier » Fouquet d'Agoult, seigneur de Sault et de sa vallée, représenté au contract par « magnifiques écuyers » Raymond d'Agoult, seigneur de Cipiéres, et Talon, seigneur de Limans, ses tuteurs et parents.
En 1481, Palamède de Forbin avait, au nom du roi, confirmé Louis Isoard dans la possession de sa seigneurie de Chénerilles, que les maîtres rationaux lui contestaient, comme ayant jadis appartenu au domaine royal, l'autorisant à y exercer la haute justice et à y tenir fourches et pilori.
On a le testament de Jeanne de Villemus, sa femme, fait en 1491, et le sien propre, fait à Digne, le 7 mai 1492, devant Antoine Hermite, en présence de Jean de Rochas, seigneur d'Aiglun.
(1) Louis Fabry, notaire de Manosque. — M. Paul Arbaud a bien voulu nous donner une copie du temps de ce contrat de mariage.
(2) Pierre de Villemus, son frère, n'eut qu'une fille, qui épousa Pierre de Glandevès, baron de Faucon, lequel releva le nom très ancien des Villemus.
(3) Celle-ci fut la dernière d'un important rameau de la maison des Sabran. Son testament se trouve aux notes étendues de Jacques Lambert, année 1473 (aliàs 1471), 28 avril, folio 248, ancien notaire de Manosque, étude Bérenguier; elle est qualifiée dame de Viens, Oppède, Gignac, Saint-Pierre de Tossis, en partie d'Ongles et de Sainte-Croix.
Ledit Louis Ysoard, seigneur de Chénerilles, était à son tour fils de Jacques Isoard, écuyer, seigneur aussi de Chénerilles, d'Esparron, de Clémensane, de Courbons, qualifié aussi « généreux écuyer », qui épousa en premières noces Alix de Glandevès, sa parente, fille de Pierre, chevalier, et de Marguerite d'Oraison ; il n'eut pas d'enfants de cette alliance et se remaria, en novembre 1440, avec Constance Hugoleny, fille de Bertrand, seigneur de Romanil et de Lagoy. Son alliance avec une fille de la maison des Hugoleny indique suffisamment quelle situation importante il occupait. Il avait une sœur qui, en 1475, épousa Jacques de Montfort, des Mées.
Jacques était lui-même fils d'Antoine Ysoard, écuyer, qui, le 2 décembre 1419, rendit hommage pour ses seigneuries de Clémensane, Esparron et la Bastide d'Aiglun, et qui, en 1427, fit l'acquisition de la seigneurie ou village de Chénerilles, dont ses descendants portent encore le nom. Il avait épousé Marguerite de Glandevès, fille d'Isnard, chevalier, d'une des plus importantes maisons de la Provence.
Les preuves de noblesse, dressées devant les commissaires en 1666, ne remontent pas au delà de lui et ne disent rien de plus sur sa famille : mais les recherches que nous avons faites aux livres des hommages ou reconnaissances féodales de l'ancienne Cour des Comptes de Provence, déposés aujourd'hui aux archives départementales des Bouches-du-Rhône, nous ont permis de retrouver que, le « 10 octobre 1399, nobilis et circonspectus vir dominus Johannes Isoardi, licent. in legibus... de Digna », par procuration de Béatrix, son épouse (selon acte reçu par noble Savin, notaire), prête hommage entre les mains de magnifique seigneur Bernard Flamigii, chevalier, au nom du roi, pour des portions des seigneuries de Courbons et d'Entrages (Antragiis), au bailliage de Digne. (Page 98 du folio en parchemin n° 4, classé aux archives série B, 758, et sous le titre de : Recognitio pro Beatrixa, uxor Joannis Isoardi, de Ligna.) D'autre part, le 20 juin 1351, noble François Isoard, de Digne, coseigneur d'Entrevènes, qualifié viguier du Puget, fait une reconnaissance au Domaine pour les biens nobles qu'il possédait dans les communes de Saint-Martin, de Villeneuve, de Moissac et d'Allos. Ses reconnaissances sont au folio 88 du même volume.
Déjà, le 14 avril 1331, « nobilis Bononatus Isoardi Dignensis » (Bienvenu Isoard, de Digne) avait prêté hommage pour une portion de la seigneurie de Montclar.
Antoine Isoard, qui acquit, en 1427, la seigneurie de Chénerilles, était-il fils de Béatrix et de Jean, et celui-ci l'était-il de Bienvenu ou de François ? Nous ne saurions le préciser, faute de documents ; mais tout porte à croire qu'ils appartenaient à la même famille.
L'érudit historien des Mées, M. Esmieu, indique, dans sa savante notice (1) sur cette petite ville, qu'elle fut le berceau des Isoard de Chénerilles, qui passèrent ensuite à Digne, et il en cite notamment plusieurs qui y remplissaient, dès le XIIIe siècle, des fonctions importantes et y apparaissent avec des qualifications que l'usage n'attribuait qu'aux nobles importants. Ainsi Raymond Isoardus, syndic du pays en 1270, est qualifié de domicellus, damoiseau ; noble Esprit, juge des Mées, et noble. Bertrand Isoard sont signalés au siècle suivant.
On remarquera que ces nombreuses seigneuries que possédèrent les Isoard dès le XIVe siècle sont presque toutes situées aux environs de Digne et témoignent que les membres de cette famille avaient une importance marquée, dans cette ville, qu'ils habitaient. Mais, y vivant simplement et éloignés de la Cour des anciens Comtes souverains du pays, ils n'ont pas eu l'éclat et l'importance dont brillèrent les représentants d'autres familles qui, sans être plus nobles, ni de races plus anciennes, jouirent des faveurs de leurs princes et eurent plus tard leurs historiens et leurs apologistes surtout.
(1) Digne, 1803, Farjon, imprimeur. — Voir aux pages 189, 352, 412, 438 de cet ouvrage.
ARMOIRES DES ISOARD DE CHENERILLES
Telles qu'elles étaient devant la porte du château de Chènerilles, dessin du XVIIe Siècle.
On remarquera que ces nombreuses seigneuries que possédèrent les Isoard dès le XIVe siècle sont presque toutes situées aux environs de Digne et témoignent que les membres de cette famille avaient une importance marquée, dans cette ville, qu'ils habitaient. Mais, y vivant simplement et éloignés de la Cour des anciens Comtes souverains du pays, ils n'ont pas eu l'éclat et l'importance dont brillèrent les représentants d'autres familles qui, sans être plus nobles, ni de races plus anciennes, jouirent des faveurs de leurs princes et eurent plus tard leurs historiens et leurs apologistes surtout.
Le célèbre historien d'Apt, Remerville, dit, dans ses manuscrits, que Thibaud Isoard, chevalier, vivait dans cette ville en 1250, que sa fille épousa Bertrand de Bot, que ces Isoard firent agrandir la cathédrale.
Peiresc, qui eut dans ses recherches l'occasion de retrouver et de signaler les Isoard, les reliait aux anciens comtes du Diois, tout comme les d'Agoult et les Artaud de Montauban. De nos jours, le marquis de Pisançon, dans son Allodialité en Dauphiné, soutient aussi cette thèse.
Une étude approfondie des chartes du bas Dauphiné et du Gapençais pourrait donner la preuve de cette origine, et il ne serait pas impossible de lier avec nos Isoard de Digne Guilhaume Isoard, qui, en 1350, prêtait hommage au Dauphin pour ses terres nobles du bas Dauphiné, sur les confins de la haute Provence, ni Jean Isoard, chevalier, compris vers cette époque dans un rôle des gentilshommes de ce pays et que cite le célèbre historien Guy Allard.
Voici quelques autres hommages retrouvés aux anciens registres de la Cour des Comptes ou des maîtres rationaux de Provence, qui intéressent plus particulièrement les Isoard de Chénerilles et dont il est aisé de prendre, comme nous l'avons fait nous-même, communication aux archives départementales de Marseille :
6 juin 1351. —Pierre Isoard, prévôt de l'église de Saint-Jacques de Barrême, que les documents anciens sur les Isoard de Chénerilles rattachent à leur maison, fait reconnaissance féodale pour les biens que sa prévôté possède dans le mandement des châteaux de Saint-Étienne, de Théniers, de Chaudon et Saint-Léger.
1399. — Hommage de noble dame N. Ysoarde, de Digne, épouse de noble Pierre Tholosani, de Sisteron,
22 octobre 1480. — Hommage pour noble Boniface Isoard, scutifer, écuyer, pour ses coseigneuries de Courbons et les Sièyes. (Page 274, v°, vol. B, n° 781 des archives.) Boniface Isoard était fils d'Antoine, l'acquéreur de la seigneurie de Chénerilles ; il avait épousé, en 1480, Louise de Montfaucon, qui était veuve de lui en 1482. Or, le même an et le même jour, 22 octobre 1480, Louis Isoard, seigneur de Chénerilles, son neveu et fils de son frère Jacques, rend aussi hommage pour ses seigneuries de Chénerilles et d'Esparron. (Folio 279 du même volume.) On trouve ailleurs une autre reconnaissance dudit Louis, pour ses droits sur Chénerilles, à la même date.
1560. — Reconnaissance féodale de noble Louis Isoard (fils de Jacques), pour ses seigneuries des Sièyes et de Peynier, celle-ci à lui venue de Jeannette de Matheron, sa mère.
1537.— Reconnaissance de noble Louis Ysoard (fils de Jacques et de son deuxième mariage avec Marguerite de Matheron), pour sa seigneurie des Sièyes.
1560. — Reconnaissance de Gaspard Isoard, écuyer, agent général de Mgr le comte de Sault, comme frère et héritier d'Antoine Isoard, pour la seigneurie de Chénerilles. (Page 126, registre n° 791.)
7 juillet 1560. — Reconnaissance du même, pour ses droits sur Chénerilles.
1582. — Reconnaissance du même, encore pour sa coseigneurie de Lincel. (Page 119, vol. 795.)
Et à propos de la maison des Amalric, citée plus haut, nous signalerons, pour l'histoire de cette famille, une reconnaissance passée par Jacques, l'un d'eux, en juillet 1396, pour ses seigneuries d'Esparron, de la Bastide, de Lambert, d'Aynac, Saint-Vincens, Roquebrune, consignée au volume, série B, n° 758, déjà mentionné, des anciennes reconnaissances féodales.
PAUL DE FAUCHER.
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